lundi 23 décembre 2013

Les chemins de l'Ouest.

File indienne éclairée des couleurs du soir.
La caravane part, les chiens suivent.

Le soleil a du mal a se frayer une place entre les épais nuages gris. Le vent souffle, les feuilles jaunies dégringolent des arbres. Ça sent l'automne. Je crois qu'on s'est encore trompé dans la saison. A croire que c'est à notre habitude de tout faire à l'envers. Nous allons cheminer plein sud, toujours dans l'espoir d'un temps plus clément, mais sans jamais pouvoir aller plus vite que la musique.
Le tonton Paulo, Daphnée et Ben sont là pour le dernier au revoir en ce lundi 21 octobre 2013. Nous saluons les amis et franchissons le panneau Guilliers sur les coups de quinze heures. Il fera nuit à dix-neuf heures mais il faut bien se décider à partir à un moment ou un autre. C'est étrange comme sensation de partir de ce village à cheval. On a pas l'impression de s'en aller pour de bon, mais plutôt de commencer une petite randonnée. Tous les chemins alentours nous sont familiers, et pourtant nous ne pensons pas revenir les fouler avant deux bonnes années.
Sur la piste cyclable de Ploërmel nous nous faisons prendre en embuscade par les Fourniers et les Brandehos, des petits plaisantins qui ont trafiqué un panneau kilométrique du Caucase. Clio a drôlement le cafard de quitter nos assaillants sortis tout droit des fourrés. Peu à peu on prend conscience du grand départ même si on sait qu'on ne se débarrassera pas si facilement des Brandehos ! La première étape se fait chez Chloé et Yo à côté de la Chapelle-Caro. Charlotte et JC sont au rendez-vous pour l'apéro. Au moins on ne se dépayse pas trop vite...
Adieux guillierois.

Lorsque nous devons emprunter un peu de bitume sous les averses bretonnes, on s'aperçois vite que la machine a remplacé l'animal depuis bien longtemps. Automobilistes, conducteurs de camions et même paysans à bord de tracteurs ont oubliés que les animaux peuvent être apeurés et imprévisibles. Ils nous frôlent sans même ralentir d'un yota, faisant fi de nos signes de ralentir. Nakaï et Vasco ont encore la peur au ventre à la vue des gros engins. Ils s’affolent et trottent en crabe au travers de la route sans que cela indispose le moins du monde les chauffards.
La famille Gauchet.

Prochain objectif, la famille Gauchet à Carentoir qui font partie avec Marianne de nos mentors de la randonnée à cheval. Le temps passé en leur compagnie n'est toujours que du bonheur. Délicieux repas arrosés de bonne humeur, cueillette et pressage de pommes, balades équestres, pêche à la main dans la rivière. Nous profitons également de cet arrêt et de la proximité d'Anne, sellière drôlement compréhensive et patiente à notre égard, pour quelques améliorations des tapis et mallettes.

Rodage et escapades.

Calins d'un matin.
Nous repartons sous le soleil pleins de motivation, d'autant plus que ce soir Fanfan débarque pour discuter quelques heures. C'est le calme avant la tempête. Dans la nuit, les glands dégringolent des chênes en mitraillant bruyamment notre tente qui se couche sous l'effet des rafales de vent. Pourvu qu'une branche ne nous tombe pas sur le coin de nez. Pour couronner le tout, les chevaux cassent leur paddock au petit matin. Je me disais aussi que c'était étonnant de pouvoir contenir d'aussi gros animaux avec seulement un petit fil de rien du tout. Ce ne sera pas la dernière fois qu'ils se font la belle. Pour cela nous avons mis en place une opération stratégique. Nous leur donnons leur ration de céréales tôt le matin, ce qui permet en cas d'évasion de les rappeler plus facilement en imitant le cri de l'avoine. Cela marche tellement bien que notre tente est sérieusement observée par nos équidés dès que le réveil sonne. S'ils sont dans le même pré, ils nous encerclent et viennent gratter avec leurs grosses babines sur la toile, soulèvent la bâche des affaires pour accéder aux musettes, nous obligeant par leur insistance à quitter au plus vite la chaleur bienfaisante du sac de couchage. Rustine, qui a peur pour ses croquettes, les enguirlande du mieux qu'elle peut. A nous de ne pas traîner si l'on ne veut pas les voir repartir.
Dessines-moi un cheval voyageur...
Nous rôdons notre équipe peu à peu. Les étapes sont courtes, entre dix et quinze kilomètres, avec des pauses régulières, tout au pas. Vasco souffle encore dans les côtes. Le petit jeune de l'équipe n'a pas encore trop de physique et reste du gras à perdre. Comme môsieur a son petit caractère et a décidé de mettre une rouste à Nakaï pour prendre le commandement de la troupe lors de son arrivée, un coup de sabot mal placé lors d'une rixe l'avait condamné à la convalescence durant trois semaines, l'excluant de l'entrainement. Le pliage du campement et la préparation des chevaux nous prend du temps. Sur la route il y a toujours du matériel à réajuster. C'est sans compter le célèbre crachin breton qui prend souvent des allures plus torrentielles. Vasco a d'ailleurs attrapé un coup de froid après une tempête, heureusement température et essoufflement n'ont pas duré longtemps. Quelques jours plus tard, c'est Nanouk qui fait un début de colique. Le matin, ce bougre ne tenait pas en place à l'attache et a grignoté l'écorce d'un acacia, toxique pour les équidés. Le côté goûte à tout a de bons et de mauvais côtés pour un petit cheval voyageur. Nous nous méfions par la suite de toute plante paraissant louche, confondant de jeunes pousses de frênes avec l’acacia, vérifiant chaque carotte sauvage, hésitant devant le verger que nous prêtent de bon cœur Jean-Paul et Josette.
Invitation au café chez Jean-Paul et Josette.
Malgré ces deux petits coups de mou, le baromètre du groupe est au beau fixe, à tel point qu'on les entend galoper la nuit à côté de la tente lorsque nous sommes dans des prairies clôturées. Ils jouent sans cesse pendant les journées de repos, balançant des coups de culs dans tous les sens. L'homogénéité du groupe est en train de se faire, chacun trouve sa place. Oro qui a passé cinq années tout seul refuse se s'éloigner à plus quelques mètres de Nanouk. Les Brandehos aussi ont l'instinct grégaire. Nous ne sommes encore que dans le Pays Nantais qu'ils prennent déjà des vacances pour nous rendre visite !

Un p'tit bout d'Loire.

On y était !
Nous laissons le canal de Nantes à Brest derrière nous, ses écluses, ses pommes et ses châtaignes glanées le long du halage... la pluie elle nous suit toujours. Je crois que nous n'avons pas encore plié la tente sèche une seule fois, elle commence à sentir le moisi. Mais il reste une lueur d'espoir, la légende du sud Loire, cet obstacle topographique nous fait miroiter un temps plus sec. Chez Cédric au bord du dernier fleuve sauvage d'Europe, nous sommes invités à boire l'apéro. Élagueur et passionné de chevaux au tempérament calme, il a allié les deux pour se mettre à faire du débardage avec sa jument de trait. Il nous dit que de nombreux passionnés essayent de réintégrer le cheval de travail dans notre société, autant dans le ramassage scolaire, que dans les vignes, ou le bûcheronnage en forêt et en ville. En repartant de chez lui, nous longeons la ligne TGV en nous disant que le progrès va plus vite que la mode rétro. Deux trains lancés à pleine vitesse toutes les dix minutes à moins de cinq mètres de nous, la rive abrupte de la Loire de l'autre côté, il y a de quoi impressionner ces poneys qui partent découvrir le monde. Délaissant la piste au profit de l'asphalte nous faisons un grand détour.
Un fer tordu plus un ferrage complet et la visite de nos amis Yann et Lorraine plus tard, nous nous apprêtons à traverser la jungle urbaine. La rive du bord de Loire et son sentier ont été emportés par les flots. Deux options s'offrent à nous. Traverser Ancenis par le centre ou dévier par la rocade et ses semi-remorques tonitruants. Entre-deux ce sont les marais. Plouf-plouf, un, deux, trois... par le centre ! Le ciel est complètement percé et détrempe notre caravane. Battant le pavé en plein marché sous les yeux ébahis des badauds nous nous sentons comme des indiens dans la ville. Un chien ouvre la marche et l'autre la ferme, et voici que Nanouk a peur des parapluies. Chacun son truc, Nakaï et Vasco se sont les semi-remorques, et Oro se sont les vaches. Une chance, pas de ruminants à l'horizon sinon ce serait la débandade ! Par contre à la sortie de la ville s'étend la zone industrielle. Nous finissons par sortir de nos gonds, on mangerait facilement un chauffeur de camion. Arrivés au nord des marais tout le monde reprend son souffle. La petite touche sadique du moment, Vasco vient de déferrer le postérieur de Nakaï dans l'agitation. 


Le réconfort de la traversée d'Ancenis.

Passage de l'autre côté...
Juste au moment ou je m'évertue à remettre le fer sous les dernières gouttes d'une averse, un voisin débarque pour nous demander si nous avons besoin de quelque chose. On dirait que notre bonne étoile se réveille. S'ensuit une invitation à boire le café, une place pour les chevaux, l'observatoire ornithologique prêté par la mairie pour nous servir d'abri, une douche chaude, un délicieux repas, et par dessus tout, une excellente soirée, chaleureuse et revigorante avec nos hôtes Gérald, Valérie et leur petit Alexis ! Je crois que c'est le propre des voyages, le bon efface le mauvais, c'est cela qui redonne de la force et permet de rebondir.. Nous repartons avec des étoiles plein la tête, le cœur gonflé d'optimisme. On en avait bien besoin !
A Fresnes-sur-Loire, Romuald et Jo nous offrent le champ paradisiaque que nous lorgnions avec de l'herbe à foison pour une journée de repos. Charlotte et JC sont au rendez-vous pour une drôle de soirée et un savoureux barbecue. Une côte de bœuf , il n'y a que ca de vrai ! Le soleil daigne enfin pointer le bout de sont nez. La traversée tant redoutée de la Loire va s'avérer plus facile que prévue par le pont d'Ingrandes. Non seulement la circulation des camions est interdite ce dimanche, mais également sur le pont.
Nous traversons au milieu de la chaussée malgré quelques automobilistes pressés, chantonnant aux oreilles de nos montures pour couvrir la résonance de leurs seize sabots sur la structure.
Sur les traces du GR.
Nous voici au pieds des Coteaux du Layon où nous allons suivre davantage de chemins grâce au balisage des chemins de grande 
randonnée (GR). Nous avons des cartes au 1/100 000e peu détaillées mais qui comprennent au moins les principaux chemins carrossables et les tracés GR. Ils seront donc notre principale 
référence pour traverser la France. L'idéal serait une cartographie au 1/25 000e mais il nous faudrait un autre cheval pour transporter les cartes.


On prend de la bouteille dans les coteaux.


Vignes les pieds dans l'eau.
Nous gravissons les coteaux du Layon par de jolis sentiers au milieu des bois. Vasco qui, par fainéantise ou par malice, a tendance à se laisser tirer dans les côtes lorsqu'il est en bât est surnommé « la roulotte ». Le taux d'ensoleillement aura été maigre, la grisaille et le crachin reviennent. A découvert sur les hauteurs, la morsure du vent se fait sentir. Les antiques moulins sont a leur place, trônant sur un lit de vignes jaunies les pieds dans l'eau. Les mains gèlent et nous refusons de mettre les gants sans quoi ils seraient aussitôt mouillés. Un panneau congratule notre fière ascension : « Col d'Ardenay : 75 mètres » On commence petit mais avec force. Il ne faudrait pas décourager notre Vasco !
L'herbe détrempée ne ménage pas le transit de Nanouk et Oro, d'autant que ce dernier a principalement été nourri au foin ces dernières années. Nous nous mettons régulièrement en quête de fibres sèches chez les paysans. A Brigné, Jean-Noël Daba nous pose carrément une balle entière. Nous n'en demandions pas tant ! Il me raconte l'histoire peu banale d'une connaissance, Hadrien Rabouin qui s'est mis en tête de faire le tour de France avec sa vache Camomille. Pendant que nos chaussures essayent de sécher sur sa chaudière, Lulu et Mirza passent ravitailler Clio en ragots. C'est dingue ce que ça peut causer les nénettes !


Nakaï au petit-déjeuner.

Les matins sont de plus en plus nombreux à être gelés lorsqu'il ne pleut pas. Les orteils de Clio voient naître des engelures. Ma mère, mon oncle et ma tante nous ravitaillent en chaussettes laineuses et nous apportent les couvertures militaires pour remplacer les tapis de selle en feutre. Elles feront double usage, avec quatre couvertures il y a de quoi en mettre une en-dessous et une au-dessus du duvet, comme de vrais gauchos.
Nous arrivons bientôt à Thouars essentiellement par d'agréables chemins. Heureusement car certains fers montrent des signes de fatigue. La fainéantise des chevaux met parfois notre patience à bout, lorsqu'il s'agit de les faire marcher sur les bas-côtés, ils tirent de l'autre côté préférant traîner les sabots sur l'asphalte abrasif que 
Usure quelque peu prononcée.
de les lever dans l'herbe. En ce qui concerne le cheval de bât, nous nous creusons pour trouver des stratagèmes afin de l'y obliger du bout de la longe.
Vasco et Nakaï ont beaucoup appris, tracteurs et semi-remorques ne les impressionnent quasiment plus. Oro affronte fièrement les troupeaux de vaches, ayant presque l'air de gonfler le torse en passant à leur barbe. Passerelles, ponts, tunnels et gués sont maintenant des formalités.

Petit Prince, le retour.

A la ferme western de Luguet, quelle n'est pas la tête de Pascal, Christine et Mélanie lorsque nous débarquons chez eux tous les huit à la tombée de la nuit. Entrée fracassante. Les chiennes se battent avec celles de la maison. « Mais qu'est ce que c'est que ce foutu bordel ! » se demande Pascal. La surprise est réussie lorsqu'ils voient Nakaï, anciennement Petit Prince que je leur ai acheté au mois de Mai. Ni une ni deux, ils prêtent un paddock pour les chevaux et nous élisons domicile dans le club house. Fred dont Petit Prince était le chouchou rapplique aussitôt. Nous aidons à s'occuper de leurs chevaux, Christine nous mijote de délicieux petits plats assistée par son super robot, et Pascal offre les céréales pour les canassons. Nous y trouvons une formidable hospitalité et de la bonne humeur, propice au repos de l'équipe et au ferrage d'Oro et Nanouk. Daphnée et Ben qui ont fait toute la route depuis leur Bretagne pour venir passer quelques heures d'amitié avec nous en ont profité pour nous réapprovisionner en fers. Encore une fois nous repartons galvanisés par le contact humain, tout le monde a fait le plein d'énergie, Nakaï et Oro carburent comme des fous. Comme d'ordinaire, ce sont les deux plus vieux qui ont une de ces pêche, les kilomètres parcourus ne sont pas les même que lorsque nos deux petits jeunes mènent la danse ! Les étapes avoisinent maintenant les vingt kilomètres, mais les journées sont si courtes en cette fin du mois de Novembre.


Horse Land Valley à Luguet.
Les rayons promis.

Encore un matin ou la grasse matinée se prolonge à cause de la pluie. Lorsque celle-ci s'arrête nous sellons les poneys en leur laissant le maximum de liberté, résultat c'est une perte de temps à leur courir après pour les empêcher d'embêter ceux qui sont attachés, de manger des sapins qui ressemblent dangereusement à de l'if, de venir gratter les boudins à grains, et j'en passe... Ça suffit, tout le monde à l'attache ! Enfin nous partons tout en restant méfiants, les yeux rivés sur les nuages d'averses qui menacent de venir vers nous. Il nous faudra ressortir les ponchos, bâches de selles et de bâts avant de trouver refuge dans le hangar de Régis à la Roussière, non loin de Poitiers. C'est alors incrédules que nous assistons à la première averse de neige de la saison. Le « sud Loire » ne serait donc qu'un mythe ? Pas tant que ça car il ne s'agit que d'une fausse alerte, le soleil fait son apparition dès le lendemain sur un ciel d'un bleu immaculé. Les gelées nocturnes suivies de journées fraîches mais ensoleillées seront dorénavant notre quotidien jusqu'à Périgueux. Le froid sec est mille fois préférable à l'humidité. Il suffit de prendre son petit déjeuner en
Gelées matinales.
dansant autour de la tente pour se réchauffer les orteils. Les paysages prennent ensuite plus de dimension et nous avançons le cœur léger, prenant le temps. Le GR de pays nous fait passer par de magnifiques petites vallées bocagères sillonnées de charmantes rivières, peuplées de belles maisonnettes en pierres et aux toits de tuiles rouges. Ici les Saanen, coquettes biquettes blanches fournissent la matière première au chabichou, trésor fromager du terroir poitevin. Le soleil couchant illumine et redore les feuillages des chemins au cœur des bois. Deux magnifiques Merens complètent le tableau enchanteur en galopant vers nous en contre-haut et à contre-jour, dressant leur imposantes statures au dessus du sentier et ses couleurs automnières.

Sans carte ni lois.

Depuis un moment nous suivons aveuglément le balisage du GR 655 car il nous manque une jonction entre deux cartes, si bien que nous déambulons dans Melle, faisons le tour complet du centre ville et de ses trois églises qui ont un certain cachet. Tel les remparts protégeant la cité autrefois, la rocade se dresse devant nous. Pour la traverser, nous n'avons d'autres choix que de passer dans un immense tunnel plongé dans l'obscurité emprunté par la rivière. Le sol bitumé est trop glissant dans l'eau, un étroit trottoir en béton sans rambarde permet de longer l'eau un mètre cinquante plus haut. Nous débâtons et faisons passer prudemment les chevaux un à un sous la voûte. Il faut ramener les mallettes à l'autre bout, elles pèsent un âne mort, c'est plus aisé lorsque ce sont les chevaux qui les portent ! Evidemment, une fois de l'autre côté la nuit tombe. Nous dressons le campement sur une face nord qui ne dégèlera pas avant le lendemain midi.


Les jourdanneau et leur grain de confiance
Nous avons plus de chance à Brioux-sur-boutonne. Alors que nous errons à la recherche d'une pâture pour faire une journée de repos, Jean-Louis Jourdanneau fait marche arrière pour voir ce que veulent ces « rabalous », ces gens qui traînent selon sa propre expression. Il nous propose son campo à quatre kilomètres de là. Pour y arriver avant l'obscurité, nous chargeons les sacoches à l'arrière de son pick-up et trottons jusqu'à destination. Son petit paradis ressemble à une estancia argentine, les peupliers remplaçant les eucalyptus. Il n'y habite pas, c'est pour son plaisir. Il y élève des vaches Salers et dorlote une classieuse jument de trait mulassière pour l'attelage. Avec sa femme Marylène, nous ne pouvons que les remercier de leur attention et de leur confiance. Ils offrent même l'hospitalité à notre troupe d'amis routards hirsutes qui passent par là et choisissent de s'arrêter pour une soirée ou deux. Le matin de partir, Jean-Louis sort le pineau de derrière les fagots. Toute sa famille est là. Le cliché est des plus pittoresque. Ticha, Scaraboux, Nino, Cécile et Kermit repartent en camion, Jean-Louis et Marylène en 4x4, mais pour les autres la maréchaussée sera impuissante, Dimitri le fiston s'en va en mobylette, Clément le voisin en tracteur, et nous à cheval !
Horde de voyageurs hirsutes chez Jean-Louis.


Pour une poignée de céréales...

Un avantage du voyage en France finalement c'est que l'on voit des copains tout au long de la route, un peu plus loin c'est Sylvain,,Gaëlla, Azaad et Coco, ou encore François, sans oublier Piou-Piou et Mathilde. Nous pourrions même dire que nous sommes sponsorisés par les copains. Lorsque nous leur demandons de ramener quelques courses de Babylon ou des céréales pour les chevaux, ils refusent que nous les dédommagions.
Fournisseurs officiels de céréales
Une fois de plus nous sommes à la recherche de céréales, à Saint-Jean-la-plaine nous atterrissons à la ferme de Christiane Parthenay pour en acheter, mais elle et sa fille Mégane, toutes deux passionnées du milieux équestre, décident de nous offrir 40kg d'orge aplati et de maïs concassé. Autre petite attention à Saint-Fraigne, nous croisons Louis et Isabelle en balade avec toute leur famille. Ils nous invitent à prendre une douche. Nous l'acceptons car cela fait un moment que nous ne sommes pas passés par cette case, Céline me le fait d'ailleurs remarquer une fois à l'intérieur. Et bien oui il y a aussi les odeurs qui se cachent derrières les photos de voyage. Au début je faisait le cro-magnon en me lavant avec l'eau de la Loire, mais maintenant il fait vraiment trop froid et nous gardons jour et nuit les damarts, comme une deuxième peau sous nos vêtements à la façon des cow-boys.
A Mouton, nous prospectons comme chaque jour à la recherche d'un endroit pour bivouaquer, avec de préférence un grand pré clôturé pour nos animaux. M. Ravault nous prête le pré, Jackie Jandro l'endroit pour bivouaquer et notre ange gardien du moment, Sylvie Déré toute remplie de gentillesse nous amène carrément un panier regorgeant de succulents mets faits maison. A déguster sans modération au coin de feu sous une voûte céleste étoilée.

Périgord Vert.

Vallons périgourdins.
Cela fait déjà un moment que nous cheminons à travers une majorité de forêts. Aucun véhicules, par contre le dimanche, plus encore que les autres jours, est synonyme de chasse. A l'écoute des tirs et à la vue des panneaux, des parkings de chasse complets, nous chantons à tue-tête. Rustine ouvre la marche en faisant résonner la cloche en bronze de troupeau. Kali, de la rousseur d'un renard, est appelée à rester au pied. Nous croisons l'un des participants à une battue au sanglier, il se veut rassurant. Nous sommes pourtant moins confiants quand nous voyons son collègue, un borgne, fusil à l'épaule. C'est le boulanger de Saint-Saud Lacoussière qui me réconcilie avec cette activité à risque en m'offrant du pâté de sanglier aux trompettes de la mort, tiré de sa réserve personnelle !
L'entrée dans le parc régional Périgord-Limousin est fortement marquée. Tout est plus sauvage au cœur de ce que l'on appelle aussi le Périgord vert, les villages anciens à l'architecture protégée, moins de barrières autour des propriétés, les rivières aux eaux claires, un paysage très vallonné à la végétation fournie. Les animaux restent discrets en France. A part quelques biches et chevreuils, des ragondins, un écureuil et une musaraigne, on ne peut pas dire que ça pullule. Les sangliers ont pourtant l'air d'abonder dans la région, facilement devinés par le labourage qu'ils opèrent aux sols.
Savoir apprécier les premiers rayons de soleil.
Le froid nocturne devient plus féroce encore. Il faut repérer le versant sud où placer la tente pour avoir les premiers rayons de soleil qui feront fondre la gelée, la tente est plus facile à plier lorsqu'elle n'est pas toute raide. Kali la précieuse se fait chauffer les pattes une à une, puis le dos près du foyer, fait des petits clin d’œil. Ses mimiques nous font éclater de rire. Rustine s'endort debout à côté. A l'aube, les chaussures mouillées par l'herbe du soir sont dures comme la glace. Mais le jeu en vaut la chandelle, une fois le soleil réchauffant l'atmosphère, les chevaux et les chiens profitent de ses rayons bienfaisants. Il arrive qu'Oro se recouche une fois sellé, accompagné de Kali.

Nos hôtes Agnès et Pierre-Damien
Un soir en sortant des bois, nous débouchons sur le petit hameau de La Faye où nous faisons une sacrée bonne rencontre. Pierre-Damien et Agnès nous offrent une douche, un repas et notre première nuit,au chaud dans un vrai lit, dans le poulailler colombien pour être exact ! Un jour deux colombiens sont venus habiter ce poulailler transformé en chambre d'ami. L'un deux est reparti vivre à Bogotá avec leur fille Céline. Quant à eux, ils étaient venus s'installer ici pour rénover une vieille bâtisse et en faire leur coin de paradis. Nous rêvons ensemble d'Amérique du sud, parlons beaucoup, de liberté notamment. Leur hospitalité, leur gentillesse et leur ouverture d'esprit est très agréable. C'est avec le plein d'énergie et d'optimisme que nous repartons. Même le bonhomme désagréable qui nous envoie balader à Valeuil ne peut pas nous ébranler. Comme pour appuyer notre détermination, les chanoines de Saint-Augustin nous ouvrent les portes de l'Abbaye du XIIe siècle de Chancelade, en périphérie de Périgueux. C'est dans l'enceinte de ce noble site que nous nous retrouvons à faire paître nos chevaux. La brume du matin rajoute son petit effet mystérieux et théâtral.


Le voyage temporel de Chancelade.
Dernière étape avant une semaine de repos chez les amis. Yoann vient chercher tout notre barda pour nous permettre les allures vives sur les quinze kilomètres nous séparant de chez lui. Nous trottons et réalisons nos premiers galops avec chacun deux chevaux, tout cela dans l'obéissance et sans accrocs ! Nous arrivons tôt à Razac sur l'Isle pour nous mettre en quête d'un lieu sûr pour nos compères à poils. Nous rencontrons Didier Thomas, éleveur de vaches limousines qui propose de les héberger dans un grand champ, idéal pour décompresser et s'en mettre plein la panse.

Les Mayolos.
Clio est aux anges, elle voit enfin son petit filleul de deux mois, le petit Manolo issu de l'alliance de gênes fêtards de Yo et de la zen attitude de Marilyn. Le poney en peluche trimbalé dans nos mallettes pour lui a l'odeur en prime. Quel pèlerinage nous avons fait là, un mois et trois semaines du Morbihan jusqu'à Périgueux pour voir el santo Manolo ! Doucement mais sûrement, ce sont quelques sept-cent kilomètres que nous avons parcourus sur les chemins de l'ouest.


...


L'inéluctable avancée sur Le-Puy-Notre-Dame.



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