lundi 21 avril 2014

Une bonne étoile contre La Faucheuse.



Sentier des Causses du Quercy.

La bonne humeur est dans nos bagages, le soleil au dessus de nos têtes. A peine partis, Nanouk se roule à la pause avec la selle de Clio sur le dos, ce qui lui vaut un étrier cassé. Elle le prend plutôt à la légère, et nous nous mettons en quête d'une sellerie. Coup de chance, le lendemain nous passerons chez un artisan à Labastide-du-Vert. C'est avec grande surprise que nous atterrissons chez le fameux fabricant de selles de randonnée Jean-Marie Soliveres, alias JMS. L'accueil est très chaleureux et naturel. Cet homme de cheval ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil averti à notre matériel. Nous échangeons idées, doutes, expériences... il nous rassure plus ou moins à propos des poils qui s'usent parfois sous les tapis ou les colliers de chasse. Lui même part en voyage trois mois d'affilés tous les ans, et même avec son propre matos taillé sur mesure pour ses deux chevaux, il rencontre ce problème. C'est la différence entre utilisation ponctuelle et quotidienne, qui plus est, sur du long terme. A surveiller constamment, la nature n'avait pas prévu de faire porter tout ce barda aux chevaux. Nous avons l'honneur de visiter son atelier tout en bavardant. Les anecdotes de voyageurs du même acabit sont toujours passionnantes, aussi les chevaux attachés devant la boutique commencent à trouver le temps long. Nous repartons, pleins des adresses confiées par Jean-Marie. Des indications aussi, où camper ce soir à Luzech et où boire un coup,
façon western, chevaux attachées sur la place le temps d'avaler un demi et de bavarder rapidement en terrasse. Discrétion assurée ! Mais un petit plaisir que nous ne nous étions pas encore permis.

Nous arpentons maintenant les Causses du Quercy. Les collines sont sèches, caillouteuses, sillonnées de chemins blancs de "castine". Une mousse vert pâle prolifère sur les petits chênes déplumés, la végétation est rase. Les rapaces lancent des cris stridents, tourbillonnant dans les airs. Un voile nuageux donne au cadre une ambiance fantomatique. Le seul bétail à paître dans le coin sont les moutons.
Labastide-du-Vert.
Le soleil revient et promet de chauffer en cette journée du lundi 17 mars. Nous avalons une maigre polenta vers huit heures et nous mettons en route de Pasturat sur les coups de dix heures. Tout parait annoncer une belle journée, et pourtant... Nous longeons le Lot par le chemin de halage pour vite remonter sur les Causses par un petit chemin de pierrailles abrupte. Il est onze heures. Sur les hauteurs, un âne en liberté déboule d'une propriété et vient se planter nez à nez avec Vasco que je monte. Clio marche quelques mètres derrière avec ses chevaux en main. J'ai à peine le temps de dire ouf que l'âne se met à braire d'une façon tellement sonore et surprenante, oreilles en arrière tout en se cabrant. En une fraction de secondes, Vasco et Nakai font volte-face et démarrent au grand galop la longe de bât tendue entre les deux, tel un piège de décapitation, fonçant droit sur Clio et ses poneys. Il n'y a pas de place sur le chemin, à droite un muret, à gauche une clôture à moutons et une haie. Vasco n'a plus de freins, je tente de lui faire tourner la tête mais il va trop vite et nous valdinguons dans la clôture, les buissons amortissent la chute. Il tente de se relever, me retombe sur la jambe et parvient à se relever pour suivre les autres. Mais nous sommes passés de l'autre côté du grillage, nous arrivons à le rattraper à temps. Clio me lance alors : "Ils sont partis pleine balle, et avec l'âne au cul qui les pourchasse !!" Je n'en crois pas mes oreilles. Je rafistole deux trois trucs sur Vasco et l'élance sur les traces des autres. Clio est déjà à mi-chemin, toute essoufflée. Suivant son flair, Vasco m’emmène jusqu'au relais téléphonique en haut de la colline, puis tente de me faire passer par un épais taillis de buis, infranchissable pour ainsi dire. Je lui fais prendre la piste plus à droite mais celui-ci insiste pour faire demi-tour. A ce moment précis l'âne ressort des fourrés, seul. A la vue de Vasco, il se remet à braire et se lance à l'attaque. J'ai juste le temps de passer Vasco à Clio qui venait tout juste de nous rejoindre, et d'attraper la demi-portion furibonde. Heureusement il a un licol. Il tente de me mordre, de se cabrer, brait à n'en plus finir, terrorisant mon cheval que Clio peine à tenir. Elle me lance une corde et je finis par attacher la teigne.
Une fois les deux zouaves maitrisés, nous nous lançons à la recherche de nos trois fuyards. Nous nous égarons quelque peu, appelons, courrons... rien. Les chiennes ne comprennent pas ce qu'il se passe et finissent par me suivre. Je récupère mon téléphone dans mes fontes, Clio est partie de son côté et elle a le sien. Une chance, pour une fois nous avons de la batterie et du crédit. Au bout d'un certain temps, nous décidons d'appeler la gendarmerie. Si c'est bien un numéro que je n'ai jamais fait celui-là. Je ne le connais pas alors je fais le 112. Les pompiers me passent la gendarmerie, mon interlocuteur me demande "Et qu'est ce que vous voulez qu'on y fasse ?" "Ben je sais pas moi, vous prenez mon numéro, et si une patrouille voit gambader trois chevaux sans cavaliers sur une nationale ou qu'on vous le fait savoir, ben vous essayez de gérer la situation et vous m'appelez par exemple..." Toujours la même histoire avec eux, ce n'est pas pour rien qu'on ne les appelle jamais.
Les Causses sont immenses et rien ne ressemble plus à un petit chêne qu'un autre petit chêne. Le temps parait long, trop long. Ils peuvent être loin à présent, les bagages sur le dos, Nanouk doit avoir les rênes qui pendent entre les pattes. Je retourne finalement à l'endroit que m'indiquait Vasco. Impossible, après quelques épais buissons entremêlés, une roche de deux mètres à pic donne sur une pente raide de caillasses et d'arbres très serrés. Ils ne sont tout de même pas passés par là ? Je m'arrête, observe, écoute. Le stress monte. Soudain je crois entendre un bruit de feuillages en contrebas. Oui c'est ça ! Je saute et dévale dans cette direction, m'extirpant à travers les buis. C'est bien eux ! Mais quelle n'est pas la vision d'horreur lorsque je vois Nakai couché là, trempé de sueur, la tête par terre, enchevêtré dans les arbres cassés, le bât et les mallettes fixés sur le dos. Mon cœur se serre. Il parait mort ou les membres brisés. Nanouk est debout contre lui, arrêté dans cette folle glissade par son camarade tombé au sol. Non, le voici qui bouge ! Je fonce et détache tout le barda, le jette plus loin en tentant de le rassurer. Il finit par se lever, difficilement, positionne ses pattes bizarrement. Les pierres roulent sous les sabots, dévalant méchamment la pente. Plus qu'anxieux, j'effectue un rapide contrôle. Multiples contusions et saignements pour Nakai. Je déselle Nanouk, il parait indemne.
Nakai est tétanisé, de peur et d'épuisement. Depuis combien de temps lutte-t-il de la sorte ? Je lève la tête, le passage par lequel ils ont dévalé et arraché des arbres est trop raide pour y remonter. Je dégage les branches autour de Nakai et tente de le faire mouvoir. Rien à faire, il ne veut pas. Je lui parle, le caresse, le calme. Il est essoufflé. Nanouk a l'air bien, plutôt tranquille.Je les laisse tout les deux le temps qu'ils récupèrent, mais sans les attacher au cas où ils glisseraient à nouveau. Pendant ce temps, je pars à la recherche d'Oro et d'un  passage envisageable, machette à la ceinture. Beaucoup d'arbres sont morts et se rompent tout seuls, rendant plus aisé le débroussaillage. Les pierres offrent un sol instable. J'appelle Oro... rien. C'est étrange, ils ne se seraient pas séparés. Je continue de descendre en me disant que ce serait plus facile que de les faire remonter vu l'état de fatigue. Une sorte de goulet dégarni d'arbres parait comporter des traces. Le terrain est de plus en plus instable, abrupte et glissant. Les roches dégringolent et s'entrechoquent. Je m'accroche aux arbres sur les bords du couloir. J'arrive au bout, prudemment. Une énorme boule me tord le ventre, un désespoir immense m'envahit. Impossible ! Le vide assassin  d'une falaise de plus d'une centaine de mètres s'élance sous mes yeux. La roche grise et lisse menace. Je scrute en bas, allongé au bord du précipice. Je crois voir une tache beige. Je dois sûrement me faire des films, mais je n'en mène pas large. En tout cas s'il ne s'est pas arrêté à hauteur des autres...
Je remonte en m'agrippant aux arbustes, redoublant de vigilance. Près des chevaux, j'appelle Clio pour lui conter les faits. Elle s'est perdue et se retrouve justement au bord du Lot, non loin des falaises. Elle n'a qu'une trouille, celle de retrouver Oro au pied de l'une d'elle. J'appelle les pompiers, cette fois pour leur demander assistance dans les recherches, et éventuellement pour les sortir de là. M'évertuant à leur donner le maximum d'informations sur notre position plutôt floue, ils envoient une patrouille. Clio n'a de cesse d'être en contact avec eux.

La vallée du Lot et ses falaises.
Nakai semble avoir récupéré. De toute façon pas le choix, il faut sortir de là. Vu le relief, j'opte pour remonter doucement en biais vers la droite. J'abandonne les affaires et tente de faire avancer Nakai. Refus total. Moi-même j'hésite sur le bon chemin à emprunter tellement le terrain est mouvant et les branches serrées, parfois infranchissables. Finalement je fait passer son compagnon devant sur cinq mètres, puis argumente tant bien que mal auprès de Nakai. Ça y est, il prend confiance ! Allez les gars, encore cinq mètres. Et ainsi de suite. Nous nous retrouvons bientôt bloqués par la même zone de barres rocheuses qu'ils on dévalés. A cet endroit, le sol est plus terreux et plus plat. J'attache les deux compères, fait coucher les chiennes à côté et rappelle les pompiers en demandant de l'aide pour les sortir de là, des cordes, une grue, voire un hélicoptère ! Ils me répondent de me rendre sur la route pour accueillir la patrouille qui va aviser. Une fois sur place, je les conduit jusqu'aux chevaux, mais les buis m'ont encore trahis et je ne retrouve pas mon chemin. Rustine et Kali ont le bon sens de me rejoindre et de m'indiquer la bonne direction. Les trois pompiers, impuissants, demandent le renfort du GRIMP, ou Groupement de Recherche et d'Intervention en Milieu périlleux.
Maintenant que les deux chevaux sont en sécurité et que l'aide arrive, je repars dans les broussailles avec un pompier à la recherche d'Oro. On s'égare à nouveau lorsque j'aperçois une mallette tombée au sol. Il est donc passé par ici avec les autres. J'appelle, à la fois plein d'espoir et d'appréhension. Et là, enfin, il hennit comme une mobylette qui toussote de contentement. Je ne me réjouis pas trop vite, dans quel état vais-je le retrouver ? Cela fait plus de trois heures qu'il est coincé là. Je l'appelle à nouveau, plus rien. Mais enfin Rustine et Kali servent à quelque chose et me mènent à lui. Elle auraient pu faire ça plus tôt ! Le voici, debout. Le genou ensanglanté, mais debout ! Coincé entre les arbres, bancal avec une seule mallette sur le dos, il a du également se statufier de peur. J'appelle immédiatement Clio, quel soulagement ! De son côté, exténuée, elle tente de retrouver son chemin. Une dame lui a prêté son vélo afin qu'elle aille plus vite. Elle crève de soif sous le soleil ardent, et faute de mieux a bu dans le Lot ainsi que dans une flaque boueuse. Nous sommes à jeun et en hypoglycémie. Reste encore à ramener Oro avec ses copains. Je le débâte, le pompier fait l'éclaireur quelques mètres devant, choisissant et débroussaillant le chemin adéquat. Nous rassemblons les affaires éparpillées lorsque la brigade arrive à bord d'un camion 4x4, tous équipés de harnais, mousquetons et cordes. Ils parlent tout d'abord de hisser les chevaux par la barre rocheuse. Certains partent étudier un peu mieux le terrain. Ils décident finalement de défricher un chemin en lacets à la tronçonneuse. Clio qui a enfin retrouvé son chemin les aide à coups de machette et en enlevant toutes les caillasses possibles, rendant les éboulis praticables. Il ne reste que deux passages difficiles : un chemin de biquette à flanc de rocher et une marche d'un mètre sur une pente raide comme la justice.
Brigade de pompiers à notre rescousse.
Joël, le propriétaire de l'âne a été prévenu et est arrivé pour donner un coup de main, l'air plutôt embêté. Nous finissons par sortir tout le monde de là malgré un petit loupé de Nakai sur la marche qui a bien failli redévaler la pente, arrêté le cul dans les arbres, un pompier et moi le tirant par la longe. Les chevaux, capables de remonter tout ça n'ont pas l'air d'avoir de graves séquelles. Une vétérinaire est en route pour les ausculter. Nous remercions grandement les pompiers de Cahors et de Cabrerets. Lorsque nous demandons combien cela va nous coûter, le capitaine nous répond que les interventions des pompiers sont un service public gratuit, et il espère bien que cela le restera. C'est bien, il n'y a pas que les riches qui ont le droit d'être sauvés. Il est seize heure lorsque toute cette histoire se termine.

Audrey, la vétérinaire, ne pense déceler aucune fracture. Nakai a cependant les tendons des deux membres gauches gonflés et beaucoup d'éraflures. Vasco s'est ouvert les gencives dans la chute. Nanouk lui, s'en sort indemne. Par contre Oro a une vilaine plaie de cinq centimètres de diamètre sur le genou gauche. Profonde d'un bon centimètre, elle ressemble plus à une brulure. Il a du glisser le genou sur une roche. Un endroit terrible pour une bonne cicatrisation car zone de flexion, et l'on ne peut pas recoudre puisqu'il n'y a plus de peau. La vétérinaire prescrit au bas mot un mois de convalescence. Quelle poisse, tout ça à cause d'un âne, demi-portion en plus ! Mais nous avons de la chance dans notre malheur, tout cela aurait pu être beaucoup plus grave et nous aurions pu perdre un de nos frères à quatre pattes. Lorsque nous retournerons plus tard sur les lieux de l'accident récupérer des affaires, nous avons aperçu un peu en dessous des endroits où nous avons retrouvé les chevaux bloqués, deux énormes grottes à ciel ouvert, deux fosses en guise de piège naturel. Il était vraiment temps que la glissade s'arrête. Pour ma part, une étrange douleur se fait sentir dans le mollet en refroidissant une fois l'action terminée, jusqu'à ne presque plus pouvoir arquer. Le verdict ne mettra pas beaucoup de temps à tomber : déchirure musculaire, soit un mois au même régime que les chevaux.
Convalescence d'Oro.
Pendant ce temps, Joël a ramené à boire et à manger, pour nous ainsi que pour les chevaux. Il a récupéré son âne, Filou le bien nommé. En se débattant, il avait cassé son licol qui ne tenait plus qu'à une lanière. Il n'aurait plus manqué qu'il se jette sur Vasco attaché non loin pour finir son œuvre machiavélique. Filou n'est pas castré du haut de ses deux ans et demi, d'où son humeur massacrante. L'année dernière, il avait déjà agressé deux jeunes filles qui randonnaient avec leur ânesse sur ce sentier GR. Il a donc rendez-vous en fin de semaine avec Audrey pour lui ôter son audace hormonale. Une pierre deux coups avec la contre-visite pour notre équipe. Joël n'a ni les moyens, ni d'assurance pour nous dédommager les quatre cent euros de frais vétérinaires. Mais il aurait été de toute façon impossible de dédommager la perte d'un équipier. Aussi nous a-t-il proposé de s'installer chez lui le temps de la guérison générale. L'entraide, pour un voyageur sans nul endroit où aller, vaut plus que n'importe quel dédommagement financier. Un pré et du foin pour les poneys, un mobile-home pour nous. On s’aperçoit vite que malgré cette mésaventure, c'est une sacré rencontre que nous faisons là, car c'est un personnage que ce Joël ! Barbu poivre sel, tout juste la cinquantaine, bonnet de laine ou autre couvre chef sur sa tête souriante et rondouillarde, les yeux rieurs il arbore son "brise-nouilles" où il manque quelques dents à chaque éclat de rire qui ponctue son franc-parler et ses expressions décoiffantes. Il quitte rarement sa salopette bleu de travail qui cache son ventre gourmand, et la classe du chineur, c'est quand il déambule en ville ou en soirée les charentaises aux pieds. Habitant isolé sur sa montagne, il vit de récup', de système D, de son poulailler et de son potager. Il est toujours là pour son entourage qui le lui rend bien en lui témoignant une grande amitié. Un bourlingueur avec qui nous avons aussitôt des atomes crochus. Bon vivant qui plus est, grâce à qui nous allons repartir avec une légère surcharge pondérale. Notre principale occupation lors de cette convalescence est d'expérimenter de nouvelles recettes tous ensemble. Comme il aime à le dire après le repas avec son humour décapant habituel, "Et bien, le ventre ne va pas encore nous faire de plis !" La petite figue en digestif est de rigueur, et il peut nous faire confiance pour que ce soit "encore une que les boches n'auront pas !" Filou lui, enfermé dans un boxe construit à la hâte, n'a qu'à manger des carottes pour digérer son ablation, il parait que ça rend aimable et fait oublier la testostérone.

Joël, Filou et ses roustons.


Capter les rayons du soleil en famille.
Cela fait un mois à présent que nous sommes immobilisés à Pétral, non loin de Saint-Géry. La plaie d'Oro est presque entièrement cicatrisée, reste une petite croûte. Le temps et les soins on fait leur œuvre
. Clio et Nanouk en ont profité pour apprendre des numéros de cirque, ce dernier est d'ailleurs très coopérant. Nous avons pris notre mal en patience et espérons reprendre la route d'ici quelques jours. Le printemps fait resplendir la nature autour de nous. Les fleurs, les bourgeons, maintenant les feuilles. Les Causses s'illuminent d'un vert éclatant sous un soleil qui chauffe déjà le mercure jusqu'à vingt-huit degrés l'après-midi. Au crépuscule, les grillons se mettent à chanter et les chevreuils poussent leurs cris rauques, sortant des bois pour goûter à l'herbe reluisante des combes. Cette dynamique nous appelle. La sellerie est réparée, les chevaux ferrés à neuf. Il ne nous manque plus que la certitude d'un rétablissement complet de notre fjord.



Clio et Nanouk font leur cirque.