mercredi 9 juillet 2014

Funambules sur les plis de la Terre.

Nakai sur les cîmes.

Les au-revoir au départ de chez Joël sont émouvants, chacun est un peu cafardeux. Une mésaventure pour une belle rencontre. Un sacré bonhomme que nous avons côtoyé pendant un mois et demi, nous sommes déjà le 29 avril. Le temps accentue cette atmosphère, gris et maussade alors que le soleil a rayonné pendant tout notre arrêt. La cicatrisation de la plaie d'Oro arrive à son terme, enfin ! Les parents de Clio en vacances, nous on rejoint pour une semaine. Ils alternent entre intendance et visites touristiques, cela permet à Oro de reprendre doucement l'activité non chargé. Le soir même, c'est Julie qui nous accueille à Varaire. Cette amie de Joël a choisi le métier itinérant de bâtisseuse de demeures alternatives : les maisons en paille. Une des artisanes à l'initiative du combat pour la reconnaissance justifiée de ces habitations en France, notamment auprès des assurances et des grands maîtres des  « normes », elle sillonne maintenant le pays de chantier en chantier pour les ériger. Elle a décidé d'installer son petit pied à terre ici. il faut dire que la dynamique alternative y parait bonne au vu de la faune qui entoure Joël. Au Mas-de-Nuc ce ne sont pas les habitations farfelues qui manquent. Vieux camion Berliez qui a pris racine, bardé de bois avec terrasse de plantes grimpantes, bus habillé de troncs ou encore surélevé offrant une vision à 360 degrés depuis cette mezzanine de fortune, maison champignon, cabanes de mondes de voyageurs, toits biscornus... le tout fondu au milieu des arbres, délimités par de petits murets en pierre couverts de mousse. Non loin de là, Tonin et Lolo préparaient leur départ en tournée avec les Cirkulez et No System, apprêtant leurs camions afin de transporter chevaux, ânes et mules de spectacle. Il ont aussi une collection de roulottes, inventent diverses choses à base de récup' comme ce sulky à une roue ou encore cet orgue de barbarie automate.
Nous quittons ces havres de paix pour bientôt passer en plein centre ville de Villefranche-de-Rouergue, aux sens uniques et pavés glissants. Cela a au moins le mérite d'arracher des sourires aux citadins ébahis. Nous nous perdons dans ces rues et arrivons bien trop au nord, le soir arrive et nous n'avons toujours pas d'endroit où s'arrêter. Nous voulons jouer le jeu, ne pas squatter une prairie mais plutôt obtenir une permission. Ce n'est pas toujours chose aisée, comme aujourd'hui par exemple. Alors que, fatigués, nous commençons à désespérer, la famille Vast nous ouvre ses portes à Passerat. Une amabilité qui fait oublier les difficultés de la veille, une journée de repos qui remet tout le monde d'aplomb.


Pays de vallons et rivières.


Pont de Comencau sur l'Aveyron.
Le relief a grandement évolué. Les collines et plateaux s'agrandissent. Le climat agréablement tempéré et la multitude de ruisseaux au petits ponts de pierres rend la végétation davantage luxuriante. Les charmants villages médiévaux à flancs de collines pullulent de touristes. De temps à autre nous arrivons à trouver un petit coin de paradis près des rivières, mais la marche sur la vallée de l'Aveyron nous rend quelque peu confus, voire rageurs. Toute cette herbe ! Les vallons en sont remplis, elle foisonne, d'un vert fluo printanier, et pourtant personne ne veut nous y autoriser l'accès. Tous les agriculteurs attendent pour la faucher, dans des prairies clôturées ou non, l'agriculture moderne et intensive voulant que les bêtes soient parquées toute l'année dans les stabulations et nourries au foin. La loi de la rentabilité produit la malbouffe et rend avare de ses terres, détenues et polluées d'ailleurs par la grande majorité de ses gens illogiques. Des paysans de leurs yeux aguerris jaugent nos montures et nous complimentent sur leur état, discutent pendant une demi-heure et nous envoient balader jusqu'au prochain village Eh oui mon bon monsieur, mais pour qu'elles le restent il faut qu'elles prennent du repos maintenant et qu'elles mangent ! Les bas-côtés remplis de ciguë (plante ombellifère très toxique) rendent délicat le choix de pauses et de bivouacs. Il y a de quoi penser communiste et rendre les terres au peuple, voire anarchiste et squatter librement. C'est ce que nous finissons par faire. Lorsque nous les voyons enfin s'en mettre plein la panse, nous sommes satisfaits. Les voir évoluer en troupe ou nous offrir le spectacle de jouer et de galoper, comme dans ces immenses prairies du plateau du Lévézou sur fond de coucher de soleil, il nous importe peu de se faire réprimander par le paysan qui passe par là. Finalement, ceux que nous croisons comprennent. Pour une nuit les chevaux ne font pas de dégâts, et le propre du nomade que nous affectionnons est de laisser l'endroit comme si nous n'étions jamais passé. Minimiser l'empreinte sur cette Terre que nous ne faisons qu'emprunter.


Village médiéval de Belcastel.
S'il n'y avait que ça pour tenter de nous casser le moral. Mais suite à l'attaque de ce cher Filou, Vasco montre maintenant une trouille bleue des ânes. Juste après la traversée de Rodez et ses embûches urbaines, un âne noir déboule du haut d'un champ et se met à braire derrière sa clôture branlante. Vasco nous refait son légendaire demi-tour en plein milieu de la route et fonce sur le reste de l'équipe. Je peine à l'arrêter, Clio et moi manquons de faire un plongeon dans la haie. Oro est parti au galop dans le virage, heureusement sans voiture en face. Bref, la débandade ! Évidemment les ânes ne manquent pas dans le coin. Quelques heures plus tard sur un sentier étroit en bordure d'un pré, deux curieux aux longues oreilles s'agitent à notre passage. L'entier se met bien sûr à braire. Et c'est reparti, panique générale ! Nous les avons en main mais Vasco me serait bien passé dessus s'il avait pu et Nakai contaminé de peur est parti en arrière au galop. Il paraît qu'une frayeur n'arrive jamais seule. Le chemin du GR est très étroit, raide et grimpe en épingles. Cela demande aux chevaux d'être calmes, habiles et à l'écoute. Vasco grille les étapes, Nakai passe du mauvais côté d'un arbre, bloque la longe de bât et glisse les deux pattes arrières hors du muret. Heureusement qu'il est moins stressé qu'au début du voyage. Il rassemble ses forces, pousse fort et parvient à se hisser. Autre anecdote, aujourd'hui Oro a eu la dangereuse gourmandise de croquer à pleines dents la ciguë, juste le temps de la lui retirer de la gueule. Le soir, au pied de l'Eglise Saint-Georges perdue dans la campagne humide, nous réfléchissons, épuisés et de mauvaise humeur. Heureusement que de telles journées sont rares. Pourtant on ne peut pas continuer comme ça. Nous devons absolument désensibiliser Vasco car ses réactions deviennent dangereuses pour tout le monde. Pour cela il nous faut un âne ! A notre plus grand bonheur, peu avant Saint-Beauzély, nous passons devant une abbaye qui renferme une ânesse. Nous attachons nos asticots, emmenons Vasco devant cette demoiselle et... rien ! Aucune réaction. On se dit que ça doit être uniquement lorsqu'ils se mettent à braire. On l'encourage donc « Allez mémère, braie, fait hi-han ! », et nous imitons le cri entourés de marcheurs rigolards. Mais rien n'y fait, elle ne veut pas nous rendre ce service. Il nous faut donc un âne qui braie, et fort !


Viaduc de Millau depuis le plateau du Lévézou.
Millau marque la fin des hostilités hospitalières. Aux portes de la ville, Carole, Olive, leurs enfants Luna et Gabin proposent carrément leur jardin, s'excusant même de l'avoir tondu avant notre passage. Les petits sont aux anges avec les poneys. Leurs cadeaux et dessins enfantins au moment du départ sont touchants.
Depuis les derniers événements, Nanouk est transformé, il marche en crabe, énervé et énervant Clio. Passé la ville, elle le remet en bât. Nous repartons en altitude, nous hissant vers les Causses Noirs. La végétation redevient rasante, les petits chênes verts sont rois, les pins ne sont guère plus grands. Les buis poussent sur les caillasses. L'herbe pique les fesses et se fait rare. Le sentier GR nous tend quelques embûches. Impraticable par son étroitesse ou encore des roches formant des marches trop hautes pour les chevaux. Les demi-tour sont périlleux avec quatre chevaux chargés au bord du vide. Nous approchons du chaos de Montpellier-le-vieux. L'endroit porte bien sont nom, la croûte terrestre est sans dessus dessous. De gigantesques rochers sont empilés les uns sur les autres, tiennent en équilibre on ne sait comment au milieu de la forêt aux mailles serrées. L'érosion responsable de ce chahut a aussi creusé des
Labyrinthe du Chaos.
ravins, comme celui de Monna dont la vue est vertigineuse et où nous rebroussons chemin pour passer par la route. Cela fait six jours que nous marchons. Il faut offrir une journée de repos à nos équipiers, et trouver un endroit clôturé qu'ils puissent s'ébattre librement. Nous tentons notre chance à la ferme équestre Les Pélissiers. La famille Robert nous accueille volontiers. Ils élèvent des vaches à viande, mais façon western, c'est à dire en les menant à cheval sur les quelques centaines d'hectares leurs appartenant. Ils ne manient le lasso qu'en cas de problème extrême, un taureau blessé à soigner par exemple, préférant conduire leurs bêtes dans le respect, sans stress. Bruno et son père qui est berger nous racontent d'inquiétantes histoires. Ils avaient un âne entier qui attaquait leurs chevaux. Ils l'ont vu les attraper à la jugulaire et se suspendre pour tenter de les étouffer, les victimes se débattant comme elles pouvaient pour s'en débarrasser. « Une vraie saloperie ! » nous dit l'ancien. Tonin nous avait raconté une histoire similaire, il avait du frapper l'âne pour le dégager. Celui-ci avait ensuite mordu les tendons du postérieur du cheval qui s'asseyait dessus de douleur pour lui faire lâcher prise. « Et vous auriez-un conseil contre les attaques d'ânes entiers ? » Demandons-nous au vieux berger. « Ah oui, une seule chose, évitez-les ! » répond-il convaincu en s'éloignant avec ses brebis. Bruno va dans son sens en nous souhaitant bonne chance. « Et protégez-vous ! » ajoute-t-il après nous avoir donné les renseignements nécessaires sur l'itinéraire à suivre. Voilà qui est rassurant...



Sur le toit de l'Aigoual.


Sauvages Cévennes.


Au pied des Cévennes, le plateau pelé et battu par les vents la majeure partie de l'année est à l'image du célèbre Larzac tout proche. Les couleurs y sont ternes, le ciel très bas. L’absence d'arbres a poussé les bâtisseurs à exceller dans la construction de pierres, devenus maîtres de la clé de voûte pour remplacer les charpentes. Par dessus les arcades, les toits sont formés de lauzes, des tuiles taillées dans la pierre. Le climat a l'air rude, mais les quelques personnes qui le peuplent à part les vautours guettant les brebis sont entières et gentilles, même si elles peuvent parfois paraître froides au premier abord. Les clôtures y sont quasi inexistantes. Qu'il est bon de pourvoir jeter son regard au loin sans se heurter aux barbelés. Lorsque l'on demande une place dans une ferme, on nous répond « mais où vous voulez ! ». La bergère nous dégote alors un endroit à l'abri du vent où nous pouvons laisser les chevaux en semi-liberté. Ses brebis, dont le lait sert pour la fabrication du roquefort, ne sont pas encore passées partout, mais peu importe dit-elle. Ces gens nous réconcilient avec l'humanité.


Draille de pierraille.
Après l’échauffement des premiers dénivelés, on passe aux choses sérieuses. Les Cévennes se dressent devant nous. Sauvages, elles sont d'un panel de verts, du foncé des pins au clair des jeunes pousses de hêtres, mouchetées du jaune des genêts en fleurs. Le ciel passe du bleu éclatant au gris écrasant. Des traînées d'averses se dessinent au loin. On pourrait presque voir le vent tellement il est présent. L'ascension vers le premier col est raide. Nous subissons à notre surprise deux grosses averses de grêle, puis nous nous demandons vraiment où est-ce que nous allons de la sorte lorsque que la neige raye le paysage, s'accrochant aux crinières. Invraisemblable, nous sommes mi-Mai. Nous avons été bien inspirés de ne pas y passer cet hiver. Au sommet du Mont Aigoual à 1600 mètres, il souffle un vent du nord aussi extraordinaire que la vue qu'il offre. Poussés par l'air ! On croirait s'envoler jusqu'à la méditerranée que l'on distingue au loin. Les mains nous gèlent, nous attrapons nos blousons d'hiver restés depuis belle lurette au fond des mallettes. Nous rigolons à notre impression d'être des aventuriers bravant les éléments. Toutes ces montagnes, si grandes, si sauvages, et nous si petits ! Elle donnent une impression de liberté. Les chevaux sont d'un calme respectable, les crins à l'horizontale, croupe au vent le temps de trouver une solution. Quelques personnes nous renseignent, en effet une station météo est à plus grande raison installée là. Il va geler cette nuit. Les chevaux ont perdus leur poil d'hiver. Nous sommes contraints de redescendre à la station de ski de Prat-Peyrot à 1400 mètres d'altitude. Nous trouvons refuge dans une cabane en bois servant sûrement d'abris bus. Situation plutôt cocasse, nous attachons les chevaux à brouter sur la piste de ski, sous les tire-fesses dressés entre les arbres. Le lendemain nous nous équipons en conséquence pour passer ce sommet venteux, gants, bonnets, blousons... Nous empruntons ensuite la draille, autoroute de transhumance. Étroite et pierreuse, elle demande calme et dextérité. Nous organisons nos équipes de façon à mettre celui que l'on doit canaliser devant, et celui qui suit sans difficulté derrière. Les sabots se placent assez adroitement dans le pierrier. Nakai s'amuse à jouer la biquette sur la bordure de caillasse. J'ai beau le sermonner et lui expliquer que cette partie peu s'effondrer, il continue de faire le malin. Érigé au fil des temps par les bergers, stabilisé pierre par pierre, ce sentier est un travail titanesque. Parfois à flanc de montagne, parfois avec vue au nord et au sud en même temps, à dos de montagne. Il suit toute la ligne de crêtes traversant le massif, hérissé de ramifications pour amener les troupeaux dans les alpages et vallées. Vestiges d'une tradition en perdition, quelques vieux
Le grand souffle qui décoiffe.
bergers emmitouflés dans leur veste et coiffés de l'incontournable béret veillent encore sur leurs troupeaux. Une vie rude que bien peu de jeunes souhaitent relayer. Encore une fois notre mauvaise carte nous trahit et nous redescendons par erreur sur Valleraugue. Un bien pour un mal, l'herbe y est verte, les températures plus clémentes et nous sommes à l'abri du vent au fond de la vallée. De belles rencontres aussi qui pourrait laisser croire au destin. Tout d'abord Julie, une saisonnière agricole avec qui nous passons la soirée, puis Matéo et sa famille qui habite plus haut. Les Portela ont des origines argentines, de Cordoba. Nous faisons connaissance et évoquons ce pays qui nous est cher autour d'une petite « picada » (collation). Le contact est fort, l'humour de rigueur, et nous transpose de l'autre côté de l'Atlantique. Une autre forme de voyage. Ils nous renseignent aussi sur notre itinéraire. En montagne tout devient plus incertain, il faut glaner le maximum d'informations possibles. Nous avons appris à nos dépends que l'on risque d'être bloqué ou de devoir rebrousser chemin. Les détours sur ses reliefs sont tout de suite démesurés. Il faut aussi prévoir où bivouaquer, trouver une pâture hors des pentes abruptes et dénicher de l'eau pour abreuver les chevaux. Ne pas rester trop sur les hauteurs pour ne pas s'exposer trop au vent glacial. Crapahutant sur les crêtes, elles s'estompent peu à peu pour laisser la place à la Camargue. Ici et bien après, nous croisons bon nombre de plaques commémoratives de jeunes maquisards lâchement assassinés par les nazis, ou de bergers ayant eu un rôle clé dans la résistance. Folie, fureur des hommes à ne jamais oublier et à ne pas reproduire. Ces lieux ont été les témoins de véritables chasses à l'homme. Comment l'extrême droite peut-elle encore marquer des points de nos jours ? Rien que de passer devant ses plaques et à cette pensée cela nous fait froid au dos. La liberté que nous essayons tous d'atteindre à notre manière tient à si peu de choses.


L'avancée des averses.


Traditions et désensibilisation.


Dans la plaine, de petits panneaux « Roulotte-bar » nous intriguent. Nous les suivons et arrivons dans une propriété où des jeunes entre quinze et dix-sept ans sont en grande préparation d'une fête. Une roulotte sert effectivement de bar. Un groupe viendra jouer ce soir. Leur but est de récolter suffisamment de fonds afin de pouvoir se construire une grande roulotte qui leur servirait de lieu de réunion plutôt que de traîner à l'arrêt de bus. Nous y contribuons en se désaltérant à leur bistro improvisé et nous remettons en route pour trouver un lieu propice à une journée de repos. Quelques kilomètres plus loin, nous tombons sur un domaine équestre, une pension et élevage de shetlands. Tony, Audrey et leur fille Eden nous accueillent à bras ouverts. On ne se trompe pas en disant que ses gens sont altruistes, uniquement constitués de gentillesse. Défenseurs de la cause animale, ils ont du mal à vendre leurs poneys car difficile de trouver la famille d'accueil digne de confiance. Militants contre la corrida et autres traditions camarguaises, ils sont même devenus végétaliens par refus de cautionner toute la souffrance animale engendrée par les élevage intensifs, les moyens de production et traitements médicamenteux, les abattoirs et la maltraitance qui y sévit, les bêtes tués pour rien dont la chair termine au fond des bennes à ordures pendant que le tiers-monde meurt de faim, l'énergie dépensée pour tout cela... bref une liste qui peut s'étendre bien plus encore, qui vous retourne la tête de vérité écrasante. Largement de quoi se sentir coupable.


Parer à la souffrance animale : chaussons contre les épines.
A peine repartis de chez eux, Vasco refait des siennes. Demi-tour devant des biquettes armées de clochettes. Il a du oublier de mettre ses lunettes. Toujours est-il que la longe de bât me file entre les mains, il pousse Clio et Nanouk au fossé, embarque Oro au galop. Une impression de déjà vu peut-être ? Malgré la chaînette ajustée en sous-barbe, je n'avais pas anticipé ce coup là. Oro s'arrache un fer postérieur dans la débâcle, cassant toute la corne et ne laissant aucune place pour reclouer. A Quissac, nous rencontrons Annie, une amie d'Audrey qui nous donne le numéro d'un maréchal car je ne trouve pas de solution à ce problème épineux. Quelques minutes plus tard, la providence met Virginie, Jessica et la petite Kenza sur notre route. Elles nous proposent un pré où nous profiterons pour faire venir Maty, le maréchal qui referrera Oro le lendemain, tout simplement. Il me donnera aussi des conseils sur le parage contre l'évasement du sabot. Les filles ont monté l'association « un espoir de liberté » qui recueille les équidés maltraités. Des gens leurs prêtent des terrains, elles vendent des bijoux en crins de cheval, obtiennent quelques donations. Elle tentent ensuite de replacer sous contrat leurs pensionnaires dans de bonnes familles. Deux d'entre eux se prénomment Wallace et Gromit, ce sont deux ânes dont un entier. Parfait pour désensibiliser Vasco. Encore une fois ce dernier n'en a rien à faire et leur renifle le museau comme si de rien était. Virginie et Jessica nous racontent leurs expériences avec leurs propres chevaux et finissent par nous convaincre qu'il ne s'agit pas là de véritable frayeur, mais plutôt d'une crise d'adolescence classique entre cinq et sept ans. Fourchette qui paraît juste, Vasco n'a pas encore cinq ans, Nanouk en a six et n'est pas en reste ces derniers temps.
Les causses sont de retour. La garrigue a gagné du terrain avec ses senteurs de thym et de romarin, l'herbe se raréfie et sèche. Le sentier à la voûte de buis nous mène jusqu'à Fons, où René et Annie, eux même randonneurs à cheval nous proposent un paddock à l'herbe grasse. Ils nous éclairent sur cet oiseau dont le chant « pupupu » résonne sans cesse dans la garrigue, lui conférant une ambiance spéciale qui nous est étrangère. C'est la huppe fasciée, appelée aussi Pu-Pu, forcément. Comme nous, c'est un oiseau migrateur avec une drôle de crête.


Décontraction au bord du Gardon.
Les gorges du Gardon sont les prémices de baignades estivales. Le village de Collias est l'endroit idéal pour y fêter mes trente ans, un coin tranquille au bord de l'eau. Mais l'accès s'avère difficile. Une fête taurine s'y déroule. L'abrivado est une tradition qui remonte à l'époque où les manadiers conduisaient leurs taureaux du pré aux arènes en les entourant de huit cavaliers formant la pointe d'un triangle. Les guardians galopaient alors dans les villages pour éviter que les habitants ne fassent s'échapper le taureau pour s'en amuser. Aujourd'hui ils reproduisent cette scène dans les villages, lâchant le taurillon d'un camion du haut de la rue, escorté au galop par les chevaux ferrés de crampons prévus pour le bitume jusqu'à un autre camion. Les jeunes gens se mesurent à lui en essayant de le coucher, l'attrapant par la queue, les cornes... Autre fête locale, la course camarguaise. Elle consiste à attraper des cocardes accrochées sur différentes parties du taureau pour marquer des points.
Changement de décors, une horde de cavaliers internationaux soulèvent la poussière du Brésil ! Mathieu, Kesley et leur toute récemment née Tallulah viennent à notre rencontre et nous racontent cette aventure qui a duré un an et demi. Après un rassemblement Rainbow dans le pays, ils se sont mis en tête avec une vingtaine d'autres « Warriors » de tenter l'expérience, de vivre de leurs spectacles de rue et autres petits travaux tout au long d'un périple nomade, à cheval. Une organisation qui n'avait pas l'air d'être simple au vu du nombre qu'ils étaient, mais une belle notion de respect et de partage pour réussir à tous s'entendre. Un sacré voyage !


Les rencontres sont toujours plus diverses et variées. Ce sont maintenant Manon et Guillaume qui nous invitent à dîner dans leur demeure à Meynes, les chevaux en sécurité dans un paddock où Manon donne des cours d'équitation camarguaise. Nos hôtes sont en effet de fervents admirateurs des traditions du pays, se battant pour que celles-ci perdurent. Guillaume qui a beaucoup mené les abrivades avec son cheval, travaille dans une entreprise qui étudie et améliore les OGM. Passionné, il nous montre des vidéos dont certaines montrant le danger réel que comportent ces fêtes, des chutes spectaculaires de cheval, échappées de taureaux... Actions à l'opposé total de celles de ce que l'on a pu connaître auparavant, ils ne nous réservent pas moins un accueil chaleureux, faisant tout ce qu'ils peuvent pour nous rendre service, offrant le foin aux chevaux. Ils fonctionnent de même avec leur entourage, « tant qu'on peut, il faut se serrer les coudes » aiment-ils à répéter.


Kali et Rustine, fidèles cabots.
Une barrière naturelle se dresse devant nous, le Rhône et son immense lit. Les ponts n'y sont pas légion et toujours démesurés pour nous qui redoutons le trop plein de circulation. Nous préférons traverser par celui qui relie les centres villes de Beaucaire à Tarascon, les véhicules y roulant à faible allure. Passer les deux cités demande déjà beaucoup de patience et de vigilance, mais au moment le plus délicat, les bus trop pressés n'attendent pas que nous soyons de l'autre côté du fleuve pour nous doubler dans un puissant bruit de moteur rugissant malgré nos signes pour les faire patienter. Peu leur importe si les chevaux s'excitent dangereusement lorsqu'ils nous collent puis nous rasent sur cet étroit pont aux rambardes insignifiantes. Attendre sur cent mètres en gardant une distance de sécurité serait trop leur demander. Le comportement des citadins est déconcertant, tellement habitués à ce que tout aille à toute vitesse, se croyant intouchables dans leur habitacle de tôle et pourtant le danger est là aussi pour eux... Cela nous fait sortir de nos gonds. Nos deux chiennes elles, sont exemplaires. Elles tiennent leur droite sachant pertinemment à notre timbre de voix que le moindre écart ne sera pas toléré. Nous peinons à trouver la sortie dans cette jungle d'asphalte, des piétons nous aiguillent, mais au portes de la ville point de prairies et il est largement l'heure de s'arrêter. Par chance Yves nous recueille au bon moment et nous invite chez son amie qui a un jardin en périphérie. Autre rencontre atypique, il est témoin de Jéhovah. Il me distribue ses petits fascicules mais n'insiste pas lorsque je lui révèle que nous sommes profondément athées. Nanouk est venu à bout de ses fers au bout d'un mois et demi. Celui de l'antérieur gauche est cassé en deux. Je trouve un maréchal non loin d'ici grâce aux pages-jaunes. Barth nous rend l'immense service de nous amener un jeu de fers qu'il refuse que je lui paye. Nanouk chaussé à neuf le matin, nous sommes prêts à attaquer les Alpilles.
Belles Alpilles.


Horizon provençal.


Ce massif est tel un erg de montagnes pierreuses aux multiples senteurs de thym, de romarin, de pins... Aux sommets, la plaine dénaturée par la main de l'homme s'étend tout autour. La vue pourrait être jolie car elle s'étend loin. Pourtant les infrastructures la gâchent : usines, serres, villes, zones commerciales, routes, cultures intensives... Les sentiers du parc naturel des Alpilles sont encore ouverts au public, mais pas pour longtemps. A partir du premier Juin, la réglementation sur la libre circulation entre en vigueur en vue de protéger l'endroit contre d'éventuels incendies. Le mistral souffle fort, séchant tout sur son passage aidé par le soleil ardent. La sueur dégouline avec l'effort. Des citernes de pompiers nous fournissent de l'eau lorsqu'elles sont ouvertes. Les pistes DFCI (Défense des Forêts Contre l'Incendie) sont un bon terrain pour marcher. Malheureusement notre carte ne les recense pas toutes et nous faisons des kilomètres en trop, tournant parfois en rond malgré l'impression d'être sur la bonne voie grâce à la boussole. Le relief cache la réelle direction que prennent les pistes, bifurquant parfois brusquement pour suivre un autre flanc de montagne. Au pied du massif, presque chaque village possède ses propres arènes. Les fincas d'élevage de taureaux possèdent la majorité des terres d'élevage. Ce sont les dernières que nous croiserons. Partout ailleurs s'étendent les champs d'oliviers, et puis le fleuve de la Durance n'est plus très loin, marquant la frontière avec le Lubéron.


Rafraîchissement dans la flaque.
Dépourvus d'un lieu où dormir le soir en arrivant à Eyguières, Olivier et Karine nous sauvent la mise alors que nous arrivons au bar de la grande place où nous allions tenter de prospecter. Ils m'emmènent me montrer la route jusqu'à leur pré où ils possèdent deux chevaux camarguais pendant que l'attroupement se créé autour de Clio et les chevaux. Pour s'y rendre, il faut passer devant une volière de paons, deux ânes, une meute de chiens. Nanouk fait le guignol pour changer de Vasco. Au fond du chemin habite Pascal qui nous invite pour l'apéro avec son fils Willy et son ami Renaud. Heureux hasard, Pantoufle est pensionnaire de la maison, âne de son état disposant de ses attributs et réputé bavard. Parfait pour s'assurer de la bonne désensibilisation de notre équidé pubère. Nous obtenons alors la certitude que les manifestations de la peur de Vasco dépend uniquement de sa bonne volonté, il en est de même pour Nanouk. A nous d'être vigilants, d'anticiper les possibles prétextes et de ne pas leur montrer notre éventuelle inquiétude. Il est tout de même certain que la mésaventure du Quercy a laissé des séquelles. Le comportement des quatre chevaux est différent depuis. A nous de rééduquer cela. Ils nous ont d'ailleurs fatigué, nous choisissons de chômer le lendemain, pour nous et non pas pour eux cette fois. Ras-le-bol ! Nous passons la journée avec les voisins, donnant un coup de main pour les finitions d'une porte de serre, avec barbecue à la débauche.


Nous avions premièrement choisi de passer par les hauteurs du Lubéron, loin de la civilisation. L'éternel problème de nos cartes mal détaillées nous contraint après avoir dû dévier de notre trajectoire initiale car beaucoup de chemins étaient impraticables à cheval, à demander des itinéraires au gîte équestre du Mas de Recaute puis d'acheter des cartes au 1/25 000e à Lourmarin pour les futures zones difficiles. Malheureusement les offices de tourisme sont rarement capables de répondre à nos interrogations. Alors que nous campons à côté de chez eux, Florence et Georges viennent nous trouver pour passer une agréable soirée chez eux. Par un concours de circonstances, ils se sont retrouvés propriétaires d'une troupe de sept ânes qu'ils emmènent chaque année en transhumance par les chemins avec d'autres troupeaux. Georges, ex-baroudeur très manuel s'est même improvisé fabricant de bâts de randonnée. Eric, leur maréchal, se montre aussi bienveillant que ces derniers, et refuse catégoriquement que je lui règle les fers qu'il amène. « Il nous reste au moins ça ! » dit-il en nous souhaitant bonne route. L'humanité triomphe parfois sur le règne de l'argent. Le matin Florence fait un bout avec nous et nous montre les sentiers. Elle nous met au parfum de la bonne tenue qui est de mise dans les villages touristiques de Vaugines, Lucuron... où il n'est pas toléré de laisser derrière soi des « petits paquets » sur le bitume comme me le signifiera un agent de police municipal. Une toutou-nette ne sera pas suffisante pour nos quatre machines à crottins ! A l'étang de la Bonde, je ferre le reste de l'équipe, profitant de la proximité de l'eau pour des pauses baignades avec les poneys. Joran qui fait de même avec ses juments, curieux et bavard vient passer du temps avec nous. Il nous parle de sa vision de l'équitation et son intérêt pour l'éthologie. D'une nature très calme, la relation qu'il entretient avec ses juments est en effet exemplaire, car fondée sur le respect et la compréhension.


Grimaces comiques de Vasco à la fontaine.

A Mirabeau nous passons la Durance pour la seconde fois et longeons le centre d'essais nucléaires de Cadarache. Que l'herbe est verte ici ! Et que les taons sont gros ! C'est le résultat du progrès mon petit... Comme cette base militaire à Lamanon, barricadée de pancartes « Entrée interdite, danger, zone polluée. ». Les apprentis sorciers ont fait fausse note. Le Verdon reste encore un endroit de baignades et de détente apprécié, jusqu'à la prochaine fuite sûrement. L'eau est claire, rafraîchissante à souhaits et accessible aux chevaux. Vasco nous gratifie toujours de ses simagrées, remuant l'eau de ses babines et nous faisant éclater de rire. Les fontaines des petites places ombragées des villages du sud-est sont une bénédiction. température avoisine maintenant les trente degrés et nous faisons une plus longue pause en milieu de journée aux heures chaudes, repartant à la fraîche. On ne pourra cependant pas suivre les gorges de la rivière. L'impressionnant canyon n'offre pas de passage suffisant pour nos équidés. Une halte s'impose au lac de Sainte-Croix après avoir traversé le plateau des célèbres champs de lavande de Provence. La chaleur est telle que les orages ne cessent de couvrir le ciel de leurs nuages menaçants, bloqués dans cette cuvette. Les copains n'ont cessés de venir nous voir chacun leur tour, mettant leur bienfaisant grain d'amitié et de festivités sur notre chemin. Mika, Jenny, Jess, Yo et Chloé, Lucie et Maël, Ophélie, Angy et le petit Arthur, maintenant Alban, et bientôt Cécile, Lolo, Damien, Aminata, Lucie et Pivi. Nous rencontrons par la même occasion Pierre et Sunshine, deux voyageurs belges sur la route respectivement depuis deux et quatre ans, l'un en moto et l'autre en vélo avec une petite remorque. L'attelage doit être comique lorsque la 125cm3 tire le vélo dans les côtes, Sunshine les dreadlocks au vent. Ils se sont rencontrés lors des manifestations contre l'aéroport à Notre-Dame des Landes. Ils s'efforcent aujourd'hui de vivre sans argent, demandant les invendus sur les marchés où dans les supérettes. Nous rigolons beaucoup à propos de la théorie du complot. Pierre demande « Pourquoi théorie d'ailleurs ? » sous les éclats de rires généraux. Est-ce vraiment bénéfique d'être paranoïaque à ce point ? Ils nous parlent de ces pyramides soit-disant découvertes en Bosnie. Nous sommes très cartésiens et savons qu'elles sont décriées par la communauté de chercheurs internationaux. Comme nous allons vers les Balkans, ils nous donnent quand même rendez-vous là-bas sur de grands au-revoir. On a des efforts à faire avant ça. Rien que le sentiers des muletiers pour remonter sur le plateau nous arrache la sueur. Une fois en haut, la propriétaire d'un camping et centre équestre nous refuse de l'eau potable « Ça aurait été pour les chevaux oui, mais pour vous non ! » lance-t-elle. Désemparés par sa bêtise, nous allons frapper chez la voisine qui accepte volontiers et nous renseigne sur le meilleur chemin à prendre. Moustiers Sainte-Marie est à flanc de falaise, la voie romaine qui monte au dessus par le ravin est faite de pavés trop glissants pour les chevaux. Il va nous falloir faire un gros détour. Pour contourner Moustiers et arriver sur les hauteurs le sentier grimpe avec un tel dénivelé qu'une fois en haut les chevaux sont en nage, Vasco victime de sa surcharge pondérale met une demi-heure à retrouver son souffle. En guise de récompense, Pascal leur offre à Venascle un pré clôturé. Un peu de liberté pour nos gros qui pâturent à la longue corde depuis plusieurs jours.


Sainte-Croix à la nage.

Les orages se répètent chaque jour. Ils ont au moins le mérite de faire pousser l'herbe dans les alpages et de rafraîchir l'atmosphère avant de difficiles grimpettes. L'herbe supplante la garrigue. Les lavandes et les cerisiers sont en retard à cette altitude. Nous arrivons à 1400 mètres par l'ancienne voie romaine, longeant les crêtes, des vautours tournoyants au dessus de nos têtes pendant que deux orages déchaînent leurs éclairs sur les sommets voisins.. Le plafond nous paraît bien bas tout d'un coup. Au milieu d'un alpage, un troupeau de brebis broute au loin tranquillement. « Tiens regarde elles sont gardées par des patous. » lance-je à Clio « Oh oui, ils sont balaises, j'aimerais pas qu'il viennent sur nos chiennes. » ajoute-t-elle. Un gros aboiement nous fait sursauter, une patou était cachée
Petit air péruvien.
derrière un buisson. Elle se met en tête de nous suivre sonnant l'alarme à ses quatre autres congénères qui décident de descendre la pente à notre rencontre. N'en menant pas large, Clio reste en arrière pour faire diversion pendant que j'emmène vite les chiennes vers l'avant. Travailleuse indigne, elle abandonne son troupeau pour nous suivre encore un moment jusqu'à ce que l'on rentre dans une forêt, les siens ont aussi abandonné. Elle n'avait pas l'air si méchante finalement, mais mieux vaut prévenir. On a déjà notre compte de débandades. Christelle et sa famille de rastas nous présentent Edouard, berger à la retraire qui nous prête ses terres à Chasteuil. D'une tchatche soutenue, il maudit le loup que les patous stoppent à peine. Selon lui ils pullulent : « ils sont même sur la promenade des anglais ! » argue-t-il. Le chaud humide environnant donne un air péruvien aux montagnes vertigineuses avec leurs petits murs en pierre, la voie romaine large comme un sentier muletier, le Verdon sillonnant en contrebas. Le matin, la brume reste accrochée sur les pics verdoyants. C'est ensuite le déluge qui nous bloque la journée à Castellane. Napoléon est aussi passé par là à cheval avec ses troupes pour reconquérir Paris. Nous nous enquérons de la météo pour passer entre les averses le lendemains jusqu'à Briançonnet, alternant tronçons de routes et de pistes. Les petits sentiers sont devenus dangereux par le ravinement dû à la forte pluviométrie. La clue de Saint-Auban est impressionnante. L'Estéron tumulteux au cœur de la roche, un gigantesque canyon qu'emprunte une route sinueuse creusée dans la muraille n'offrant que des virages sans visibilité. Nous pressons le pas. En cette moyenne montagne, lorsque nous cherchons où établir le campement, on nous montre toutes ces grandes prairies sans clôtures. L'heure des transhumances a sonnée dans les Alpes de Haute-Provence, les brebis ont désertées le coin.


Gé, "la machine apicole".
C'est enfin dans la plus grande joie que nous arrivons le 16 juin chez nos amis Gé et Méli, installés à Saint-Pierre, perdus dans la montagne au dessus de Puget-Théniers. Nous allons pouvoir fêter dignement les vingt-six ans de Clio avec les copains. Après avoir voyagé ensemble en Afrique de l'Ouest et fait quelques saisons agricoles, nous ne nous sommes pas vus depuis cinq ans. Ils se sont convertis à l'apiculture. De leur travail méthodique et à l'écoute de la nature naît un miel des plus délicieux. Ils nous expliquent cet art en tenue de cosmonaute sur un fond de bourdonnement. Nous faisons connaissance avec la faune locale. Tout un réseau d'amis qui s'entraident, troquent des denrées alimentaires ou services, voulant court-circuiter les supermarchés et autres temples de la malbouffe. Ils élèvent leurs volailles et entretiennent leur potager quand ils ont le temps, car c'est l'effervescence en cette saison. Il faut déjà récolter certaines ruches et en tirer le miel de montagne, transhumer les abeilles sur le plateau de Valensole où elles produiront le si prisé miel de lavande. Nous aussi étudions notre chemin de transhumance, quel sera le meilleur passage vers l'Italie ? Nous glanons des informations ici et là, recherchons des cartes. Nous avons aussi dû changer à nouveau de tapis de selle. Avec les fortes chaleurs, les dos des chevaux deviennent plus sensibles et les couvertures militaires n'étaient pas assez amortissantes. Elles avaient le mérite de ne plus couper les poils des reins, mais de petites gonfles sont apparues, surtout sur Nanouk tellement bien en chair que les selles ne sont plus si adaptées à son dos qu'au début du voyage. Le sellier JMS que nous avions rencontré dans le Lot nous en a conçu sur mesure pendant que nous soignons ce désagrément. Michel, le beau-père de Méli qui est berger, prête ses prés verdoyants pour nos poneys qui prennent des forces durant trois semaines avant de passer les Alpes et la frontière italienne.

De gauche à droite et de haut en bas : Annie et René ; Guillaume ; Luna, Gabin, Carole, Olive ;

 Pascal, Willy, Renaud ; Emmie, Olivier, Karine ; Virgine ;
 Florence ; Eden ; Manuela, Matéo, Nathalie ; Sunshine, Alban, Pierre