vendredi 20 décembre 2013

A l'assaut du vieux continent.


Après notre voyage en Argentine, nous avons eu envie de revivre une aventure à cheval. Un périple similaire mais différent. Autres chevaux, autre matériel, autres lieux et bien sûr autres mentalités. On s'interroge toujours sur l'accueil et l'hospitalité à l'étranger, mais qu'en est-il chez nous, en France et en Europe  ?
L'autofinancement est notre mot d'ordre, synonyme de totale liberté et sans comptes à rendre. Après avoir travaillé au Danemark et en Suisse, nous avons peu à peu constitué notre équipe  :

Vasco, Pottock croisé Irish-cob de 4 ans, 1m48 au garrot
Nakaï, Paint-horse croisé New-forest de 10 ans, 1m50
Oro, Fjord de 11 ans, 1m43
Nanouk, Connemara de 5 ans, 1m45





Un magnifique troupeau plein de caractère farouchement gardé par Rustine et Kali, nos intrépides chiennes qui nous suivent partout depuis bientôt huit ans.



Niveau matériel, on savait ce que l'on voulait, mais il est extrêmement difficile d'acquérir une selle qui va parfaitement à chaque cheval. Nous avons essayé de trouver des poneys avec des conformations de dos similaires pour pouvoir les monter et les bâter à tour de rôle, et par conséquent des selles assez polyvalentes.




J'ai finalement opté pour une Vagabonde d'Hugues Petel et Clio une TH-Cuir, toutes deux d'occasion. Les bâts sont en résine monobloc Ralide, un modèle amélioré du bât à croisillon traditionnel, importé en France par le sellier Guichard.
On a essayé de chouchouter les chevaux en leur prenant des sangles en mohair et des sous-tapis en Vet-bed. Après deux mois d'utilisation nous en sommes très satisfaits. Les tapis, de grands pads en feutre recoupés aux dimensions voulues et au garrot n'ont pas remplis leur fonction comme il se devait. Ils ne prenaient pas la forme du dos, trop raides, coupant les poils sur les reins et retombant trop sur le garrot. Nous avons changé pour de bonnes vieilles couvertures militaires en laine pliées en quatre, plus amortissantes et plus souples. C'est beaucoup mieux même si le poil des reins reste ras sur Nanouk et Nakaï, sûrement du fait du poids et du mouvement du bât ainsi qu'en fonction des formes de dos. Anne, la sellière de la Chapelle-Gaceline s'était pourtant donné du mal pour réaliser sur mesure ce que nous souhaitions.
Les sacoches de bât en cuir ont été conçues par Michel, artisan de Cab-âne. J'ai ensuite modifié le système de fixations, elles s'accrochent séparément par des anneaux sur des crochets boulonnés sur les bâts. Les boudins à grains en bâche de camion sont sanglés au dessus des mallettes  Jusqu'ici chaque mallette pèse en moyenne 23kg et chaque boudin peut aller jusqu'à 10kg. En général, le cheval de bât porte entre 46kg et 66kg de bagages.


Nous avons choisit d'avoir deux chevaux de bât afin qu'ils ne soient pas trop chargés tout en nous permettant d'emporter du meilleur matériel et d'être suffisamment autonomes. La tente quatre saisons est plus conséquente ainsi que des duvets plus adéquates et des vêtements chauds pour passer l'hiver  ! Côté maréchalerie ça pèse un peu. Nous avons les outils nécessaires pour ferrer à froid, et même une mini enclume de 5kg taillée dans un rail de chemin de fer. Cela peut paraître superflu, mais quatre chevaux imposent la contrainte de ferrer régulièrement, ainsi que de pouvoir réparer, par exemple, lorsque le cheval de bât marche sur le fer postérieur du cheval de selle, le tordant ou l'arrachant dans le feu de l'action. Ceci nous est arrivé plusieurs fois au début du voyage le temps que chaque cheval trouve sa place. Cela permet de le faire sur le champ, et de ne pas abîmer plus le sabot. Nous achetons les fers au fur et à mesure dès qu'une ferrure montre signe de faiblesse, et nous gardons souvent un jeu de secours.
Les chevaux n'étant pas habitués à pâturer à la longue corde de douze mètres, nous avons été obligés d'emmener un électrificateur portable et deux paddocks pliants faits maison de dix mètres par dix chacun pour les fois où nous ne dégotons pas de pré clôturé. L'espace étant petit, nous devons les séparer. Nanouk et Oro jouent toute la nuit et piétinent l'herbe, puis Nanouk qui a bien retenu les leçons d'obstacles finit par sauter le fil, et Oro le suit en passant à travers. Vasco qui joue beaucoup de la babine arrive à tirer sur les piquets et les désassembler. Les nuits étant quelque peu agitées, ce système est donc provisoire. Cela libérera également quelques kilos dans les mallettes. L'apprentissage de la longue corde est en cours, Nakaï y passe déjà ses nuits sans faire de nœuds comme un grand.
Dernière précision pratique, le système d'embouchure est le hackamore que l'on clipse rapidement sur le licol, permettant aux chevaux d'avoir la bouche libre et de manger à chaque petite pause, tout en ayant un système de frein auquel on peut avoir confiance en cas de panique générale.

Objectif  ?
Mettre un sabot devant l'autre  ! Nous sommes trop peu rigoureux et les aléas d'un voyage font que nous vivons au jour le jour, improvisant la plupart du temps. Notre plus grande préoccupation est le bien-être physique et moral de toute notre tribu. Le rythme est souvent plus lent que nous le voudrions. Les journées d'arrêt et de ferrage sont à la fois prétexte au repos et à la rencontre avec l'habitant. Le voyage c'est fait pour prendre le temps de découvrir. Nous le faisons parce qu'on aime vivre de cette façon. On a ce côté nomade et le plaisir de le réaliser. Le contact avec nos animaux, la nature et les gens est parfois si fort que nous ne sommes pas à plaindre si l'on se retrouve sous une tempête. Nous l'avons voulu. Du courage  ? On en a plein les poches  ! Le voyage à cheval, c'est une aventure à hauteur d'homme, au rythme de la vie. Avancer pas à pas, prendre le temps de regarder, de discuter, au milieux des éléments, c'est comme ça qu'on aime se sentir vivre. Allez quoi, un petit tour à cheval jusqu'au Caucase et on revient  ? On l'espère et on en a envie.
Marcher, déambuler à travers le monde, à pied ou à cheval, c'est notre liberté.



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