mercredi 12 mars 2014

Photo de famille.


Un rendez-vous avec les amis, c'est une cure de vitamines pour repartir encore plus vaillants, des sourires plein la tête et du courage plein les poches. Le printemps et son soleil tant attendu débarquent dans le Lot-et-Garonne. Nous espérons bien faire la route en sa compagnie vers les Alpes-maritimes, frémissons d'excitation de reprendre la route et l'aventure. Oro et Rustine sont tous les deux remis sur pattes. Les chevaux grossissent rien qu'en regardant l'herbe pousser. Hasta nuevo pasto, siempre !

vendredi 7 mars 2014

Hibernation et renouveau.

Voyage au cœur de la citadelle de Biron.
Chacun se vantait prédire un hiver froid et sec, le plus rude depuis cent ans. C'est finalement sous les eaux que fut plongé l'hexagone tout entier. Nous avons été bien inspirés de faire une pause hivernale de deux mois. Par l'intermédiaire de sa très bonne amie Mathilde, Marie a eu la gentillesse de nous sous-louer sa maison tandis qu'elle profitait du soleil néo-zélandais. Destination plutôt réfléchie lorsque l'on voit les trombes d'eau s'abattre sur le charmant hameau de Chazarie. Une vie de sédentaire, coupée de tout avec pour seul moyen de locomotion nos canassons., dans une maison heureusement rustique, bien de "campo". Elle aurait pu être ennuyeuse s'il n'y avait pas eu les copains à passer et d'agréables rencontres plus ou moins atypiques. Les enfants de Peter et Ilde sont l'âme du village. Ils viennent frapper aux portes pour tisser leur toile de vie entre les voisins. Et leur mère de les chercher : "Jane, Joran, Sander, qu'est-ce que vous faites là ? On va manger, dépêchez-vous !" Ces derniers trépignent pour rester encore un peu avec les poneys.
Home, sweet hot home.
Nos gros auraient été aux petits soins grâce au foin procuré par Édouard et un pré loué par Christophe. Malheureusement, le terrain argileux est vite devenu un bourbier, provoquant l'apparition d'une gale de boue sur les membres. Ce petit problème disparaitra en même temps que la reprise de notre nomadisme, nature première des chevaux qui ne seraient pas restés d'eux mêmes dans ces conditions.
Nous profitons de faire quelques soirées avec nos anciens et nouveaux amis périgourdins, des rares éclaircies pour faire des balades à cheval plus rythmées que l'ordinaire du voyage. En allant faire quelques courses au bar-épicerie de Segonzac, nous tombons sur un sacré numéro : Chris le breton. Descendu du Finistère avec ses chiens attelés à un traineau à roulettes de sa confection pour finalement atterrir et s'installer dans la région. On ne peut que trinquer à l'aventure. Par son biais, une drôle de nénette vient toquer chez nous. Marieke, qui a vécu son enfance en roulotte avec ses parents, est venue faire plus ample connaissance. Sellière de formation, pareuse à ses heures, c'est avec cette passionnée de chevaux que nous passons beaucoup de temps à échanger sur le sujet.
Mais vient le temps où l'appel de la route devient trop fort et nous décidons de remettre notre tribu en marche vers le sud. Les au-revoir avec Marilyn, Yo et Manolo ne sont pas définitifs, nous les reverrons dans deux semaines à Fumel chez Fafa et Céline. Nouveau départ donc ce samedi 22 février. Les grues cendrées ont entamées leur migration printanière, faisant résonner leurs cris de trompettes au dessus de nos têtes, formation en V. Cela nous laisse présager une hausse des températures. "Et oui, il n'y a plus de saisons ma bonne dame !" Restons optimistes malgré ce petit crachin qui va bien finir par nous humidifier jusqu'au slip. Nous faisons également confiance à nos nouveaux duvets pour des  nuits plus douces... la plume il n'y a que ça de vrai !


Nos voisins chazariens.
Première étape chez Pascal Aviles à Grignols. Ce menuisier féru d'équitation d'extérieur et d'attelage, président de l'association des cavaliers randonneurs du Périgord, s'est mis en tête de fabriquer trois roulottes. Tout  est calculé pour allier résistance et légèreté, soit un poids maximum de sept-cent kilos, sachant qu'en théorie un cheval peut tirer jusqu'à une fois et demi son poids. Il espère proposer des randonnées à la semaine en roulotte, et qui sait, peut-être un jour réaliser son rêve de voyage au long cours.
Le deuxième soir, nous nous perdons dans la cambrousse. Les chevaux savent maintenant pâturer à la longue corde, et après leur champs hivernal boueux, ils savourent l'herbe verdoyante et les sols porteurs, se roulent avec satisfaction pour marquer la débauche. Marieke ne nous abandonne pas pour autant et vient partager avec ses parents Saskia et Rob un délicieux repas au coin du feu. Âmes de voyageurs humanistes avec qui il est bon de passer du temps. Avis qui n'a pas l'air partagé par Nakai et Vasco. Deux chevaux attachés et deux autres en liberté tracés au son des clochettes n'est pas incompatible avec une petite escapade. Nous apprenons à nos dépends que lorsqu'on entend plus les cloches retentir, il est trop tard. Nous leur courrons après en guise de promenade digestive.

A Pressignac-Vicq, nous découvrons une petite communauté qui s'attèle au cirque et spectacle équestre : les Magic Rock Circus. Mais eux aussi ont eu du flair et ont fui le temps maussade. La plupart sont en voyage au soleil. L'activité ne reprendra qu'au printemps. Momo, resté seul gardien des lieux, nous fait la visite. Conquis par le principe de ce lieu de vie, nous espérons bien revenir leur rendre visite à notre retour.


Repos fraternel.
Rustine boite depuis trois jours. C'est une conséquence d'une petite fracture de jeunesse qui se manifeste de temps en temps. Pourtant cette fois-ci au lieu de passer dans la journée, son état général se dégrade. On ne l'avait encore jamais vu être derrière et avancer de mauvaise grâce. Le soir venu, elle tremble de tout son corps, refuse ses croquettes, sa peau est trop blanche. Autre inquiétude, Oro qui boitillait également de se que l'on pensait être la gêne d'une crevasse de gale de boue, traîne de plus en plus la patte. En sondant le sabot et en déferrant, nous découvrons un abcès dû à un clous de ferrage planté à gras. Je creuse la sole, vide l'abcès et le désinfecte. Première et je l'espère dernière fois, il me faudra à l'avenir redoubler de vigilance au ferrage. Nous nous voyons obligés le lendemain de pousser encore cinq kilomètres pour parvenir chez un vétérinaire, acheter un antiseptique pour Oro et faire des analyses pour Rustine. Elle se révèle anémiée au frottis sanguin. Malgré le collier anti-tiques, elle a contracté la piroplasmose. L'absence de froid n'a pas endormi les parasites et les tiques pullulent. Moral d'acier et courageuse, elle trottinait et gardait le campement sans ses globules rouges. Les symptômes ont été pris à temps, et après une injection, Fafa est venu la chercher afin qu'elle se retape au coin du poêle à bois le temps de notre arrivée. A Beaumont-du-Périgord, c'est repos obligatoire pour Oro, à l’abri du lavoir municipal, nous soignons l'abcès entre deux averses.
Château de Montclard, à vendre...
Le soleil nous accompagne enfin pour partir à la découverte de la campagne du sud Périgord. Nous déambulons la tête légère à travers la vieille et magnifique cité de Monpazier, les seize sabots battant le pavé et résonnant contre les murailles sous les yeux interloqués des badauds. Nous prenons le temps de discuter, et lorsque nous décidons de repartir, c'est une autre pause café qui nous attend à la sortie du village. Nadine et Alain, adeptes de la randonnée à cheval ont grand plaisir à discuter sur ce thème. Les chevaux apprécient ce genre de pauses répétées et en profitent pour se remplir la panse. Les jours rallongent ce qui permet de les faire brouter davantage sur les bas-côtés et clairières. Les petits chemins de forêt pierreux quoique encore boueux prennent une autre dimension même si les arbres restent franchement déplumés. Le soleil fait rayonner la nature et les esprits. Les oiseaux chantent, quelques bourgeons apparaissent, jonquilles, violettes et prunus en fleurs égayent déjà la région par leurs couleurs.
La citadelle de Biron dresse son imposant château, un village resté authentique, presque un retour dans le temps à cheval une fois passé la porte fortifiée. De quoi mettre les architectes de l'époque sur un piédestal et bannir les horreurs contemporaines du construire vite et pas cher qui tomberons rapidement en désuétude, tout comme celles des années cinquante pourtant innovantes à l'époque. A se demander s'il nous reste le savoir-faire pour bâtir des ouvrages qui seraient capables de traverser les siècles  avec autant d'audace ? La pierre garde le secret des âges, comme à Lacapelle-Biron ou encore à Bonaguil.
Un peu avant Lacapelle, autre arrêt forcé, celui anticipé de fin de journée. Ju, Isa et leur petite Line nous attendaient de pied ferme, une pancarte plantée sur le GR qui jouxte leur maison. Ce sont des amis de Fafa et Céline qui ont baroudé en solex jusqu'en Espagne, ou encore avec un âne bâté au Maroc, expériences autant originales qu'enrichissantes. Passionnés par les chevaux, l'élevage et le maraichage dits "alternatifs", c'est à dire tout simplement écologiques ou naturels. Ils souhaitent aujourd'hui créer une ferme où ils vivraient de leur production ainsi qu'en totale autarcie alimentaire. Se suffire à soi-même dans un monde où les besoins superflus sont rois. Combien d'animaux sont-ils élevés, tués, mis en barquettes pour finir broyés dans les poubelles des supermarchés, arrosés d'eau de javel ? Préférer jeter que donner, tout en faisant fi de toute cette énergie dépensée. Tout simplement écœurant.


Silien, la jeune pousse.
Dernière étape sous la pluie et même sous la grêle. Kali ne sait plus où se mettre et jalouse cette collabo de Rustine qui se prélasse au chaud à Fumel. Sa tête de chien penaud martelée par les giboulées a au moins le mérite de nous faire rire et de nous faire oublier les conditions climatiques. Nous retrouvons rapidement le réconfort chez Fafa et Céline, accueillis par les sourires du petit Silien. Un bon apéro, une bonne entrecôte et un bon lit marquent l'ouverture d'une semaine de repos et de festivités avec les copains. Les poneys eux, ne cessent de jouer, de se mordiller, de se cabrer, galopent comme des fous, profitent des rayons de soleil pour faire la sieste. Ils sont devenus très complices. Cette belle cohésion de groupe offre de jolis spectacles et montre que le moral des troupes est au plus haut.



Sieste rock steady.